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Ce qui a changé en 15 ans dans le monde du recrutement

Une relation candidat/recruteur plus équilibrée

Historiquement, le rapport de force était souvent plus favorable au recruteur, même lorsque le marché de l’emploi était moins dynamique. Depuis l’après-Covid, un rééquilibrage s’est opéré : « La relation est moins un rapport de force qu’une rencontre, et cela s’explique notamment par le fait que le rapport des salariés à l’entreprise a changé, analyse François Leverger, directeur général d’HelloWork Group. Leur intérêt pour une entreprise se trouve dans ce qu’elle va porter, la capacité à les faire progresser, à proposer des missions intéressantes et, in fine, à avoir un travail qui est plutôt agréable. »

Avec, pour conséquence, une exigence de transparence et d’authenticité accrue chez les candidats. Et une nécessité pour les entreprises de travailler leur communication autour de leur « réalité employeur (qui elles sont, quelles sont leurs valeurs, comment est-ce de travailler au quotidien dans leurs équipes ?) et de proposer autre chose qu’un job en tant que tel ».

La montée en puissance des réseaux sociaux

En quinze ans, les réseaux sociaux ont connu une progression très importante du côté des recruteurs : « Ils tentent de plus en plus de toucher les candidats via leurs réseaux sociaux, à la fois personnels et professionnels. Ces canaux permettent aux entreprises d’avoir un accès direct à la base de candidats et deviennent de précieux outils de sourcing », développe Loïc Le Terrien, directeur exécutif d’HelloWork Group. Rappelons que cette base de candidats n’existait pas auparavant : les entreprises passaient principalement par des cabinets et des chasseurs de tête, l’apparition des réseaux sociaux leur a permis de se passer de ces intermédiaires. Et c’est ce qui explique cette montée en puissance côté recruteurs, qu’on ne retrouve pas en miroir côté candidats.

La fin du tabou du salaire

En 2022, 30% des recruteurs affirmaient indiquer le salaire sur leurs offres d’emploi ; en 2024, ils sont 60,6%. Signe d’une prise de conscience que cette information est devenue essentielle aux yeux des candidats : plus d’un tiers d’entre eux se dit moins enclin à postuler à une offre sans mention de la rémunération. 12% déclarent même qu’ils ne postulent pas si cette information est absente de l’offre.

Ce mouvement devrait encore s’amplifier alors que la directive européenne sur la transparence doit être transposée dans le droit français d’ici 2026. « Cette directive est un premier pas important dans la transparence avec, pour objectif principal, l’équité salariale », considère François Leverger, avant de rappeler qu’aujourd’hui 75% des offres d’emploi publiées sur la plateforme HelloWork mentionnent le salaire ou une estimation de celui-ci.

Des candidats mieux informés du cheminement de leur candidature

Cette attente de transparence concerne également le processus de recrutement : les recruteurs sont de plus en plus nombreux à envoyer au candidat un message détaillant les étapes de celui-ci et le contenu des différents entretiens d’embauche.

« Ce n’est pas un effort très important pour le recruteur, qui dispose de ces informations et peut donc les intégrer facilement à sa page entreprise, à ses offres d’emploi ou à un e-mail », détaille Loïc Le Terrien.

A noter que les recruteurs répondent également plus fréquemment qu’il y a quinze ans aux candidats en cas de refus de leur candidature.

La nouvelle norme du travail hybride

« Avec le recul, entreprises comme candidats semblent avoir trouvé un mix équilibré entre présentiel et distanciel », note François Leverger. Ce développement massif du travail hybride après la crise sanitaire a eu un impact durable sur l’organisation du travail, mais aussi sur les pratiques des recruteurs. En 2024, 56% d’entre eux disent utiliser souvent la visioconférence dans le cadre de leurs recrutements, contre 25% en 2018.

L’IA générative, un outil à apprivoiser

Comme d’autres métiers, la fonction RH est également appelée à se réinventer à l’heure du développement de l’intelligence artificielle générative. A ce stade, les recruteurs ont encore un usage timide de cette technologie, qu’ils utilisent principalement à des fins d’aide à la rédaction : offres d’emploi, messages d’approche, mails de refus, compte-rendu d’entretien…

« Aujourd’hui, il n’y a pas d’IA générative qui révolutionne la mise en relation candidats et entreprises », constate François Leverger. Les entreprises doivent néanmoins rester vigilantes quant aux évolutions réglementaires qui seront portées par l’IA Act, au niveau européen, car « l’emploi et la formation sont considérés comme des secteurs à très haut risque par l’Union européenne, du fait des données sensibles dont ils disposent. »

*Dernière enquête réalisée en 2023 auprès de 2 690 candidats et 157 professionnels des ressources humaines, comparée aux résultats des 12 enquêtes qui analysent la relation entre candidats et recruteurs depuis 2010

Retrouvez 'lintégralité de l'enquête ici.

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