Portrait Julie BAIJOT Formation

Julie BAIJOT – Une jeune entrepreneure salariée, formatrice en Santé et sécurité au travail

Julie BAIJOT est formatrice et salariée de la coopérative d’entrepreneurs POLLEN Scop.

« Je suis arrivée sur ce territoire qui m’était totalement inconnu en juin 2023. Mon compagnon était étudiant en médecine sur Lyon puis les fameux classements sont arrivés et il a choisi de s’inscrire à la FAC de St-Etienne qui offre notamment des stages sur Annonay et la possibilité de résider à l’internat sur place. C’est comme cela que nous avons découvert le coin, moi en venant le voir régulièrement. »

Selon Julie, c’est un territoire auquel il faut s’habituer. « Au début on se dit ‘’où est-ce que je suis tombée !’’ puis finalement c’est très chaleureux et sympathique. »

Finalement, après 2 ans passés ici, le couple a décidé de rester.

« Je suis originaire de Belqique puis quand j’avais 16 ans mes parents ont déménagé du côté de Beauvais dans l’Oise. On a fait avec mon compagnon nos premières années d’étude là-bas et puis sur un coup de tête on a fini par se dire que l’on voudrait bien voir ce qui se passait à Lyon. »

Lyon les tentait beaucoup. Ils sont donc partis pendant une quinzaine de jours en logement AirBnB et ils ont recherché un logement plus pérenne. « Si on en trouve un c’est banco, sinon on retourne à Amiens pour continuer notre vie. Et finalement en deux jours on a trouvé un logement donc on a pris nos affaires et on a déménagé. Puis ensuite on a fait pareil avec Annonay, nous ne connaissions personne. »

Quel est votre parcours professionnel ?

« J’ai commencé par faire des études dans les droits de l’Homme et puis j’ai eu quelques expériences en ONG puis en association. Je me suis rendue compte que je ne pourrai pas avoir l’impact que je voudrais. On ne peut pas forcément observer l’aboutissement des projets que l’on crée, cela m’a beaucoup frustrée. »

« Comme ce n’était pas un secteur qui payait bien, j’avais un 2ème boulot sur le côté dans la téléphonie (plateforme de téléphone). J’ai eu d’autres petits boulots pour subvenir à mes besoins (industrie, restauration rapide). Puis à un moment, je me suis dit qu’il fallait que je réfléchisse là où j’allais. J’ai donc mis un stop et cela m’a mené à la formation. C’est vrai que d’avoir vu ces différents univers, je me suis aperçue qu’ils avaient tous une problématique en commun, c’est qu’en France je pense que l’on est pas très bons sur la sécurité et santé au travail. Nous avons des obligations mais la façon de les mettre en place n’est pas toujours optimale. On le fait pour remplir une obligation et non pour améliorer sa productivité. On peut faire bouger les choses beaucoup plus vite et beaucoup mieux en terme de sécurité si on implique davantage le salarié. »

Au début Julie n’a pas osé se lancer toute seule et a donc commencé par travailler dans des centres de formation pour du public en reconversion professionnelle dans le secteur tertiaire. Puis elle a suivi son compagnon sur Annonay et a saisi l’opportunité de se mettre à son compte.

« Pour cela, j’ai réalisé un titre de formatrice professionnelle pour adulte qui m’a permis d’apprendre comment concevoir de manière rigoureuse mes modules de formation et d’apprendre des techniques pédagogiques. Cela permet également de tester différentes choses dans un environnement sécurisé. J’avais vraiment à cœur de me former. J’ai suivi également une formation de formateur SST par l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles), c’est très encadré.

Il y a cependant de nombreuses choses sur lesquelles je me suis formée toute seule (communication, développement des compétences émotionnelles, gestion des relations intra et inter-personnelles). Cela est enrichi par différentes expériences personnelles et des lectures. Je vais pouvoir coupler les valeurs en lesquelles je crois pour les transformer en une formation. »

L’entreprise Julie Baijot Formation a été créée en juin 2023, en auto-entreprise. Puis Julie avait un projet pour lequel il lui fallait absolument avoir la possibilité de recevoir des financements publics et donc être certifiée Qualiopi.

La découverte de POLLEN, une Coopérative d’Activités et d’Entrepreneurs en Ardèche

« Je cherchais un partenaire pour porter mon projet et m’aider. C’est à ce moment-là que j’ai été mise en contact avec Pollen SCOP qui m’a dit « cela a l’air intéressant, je vous propose de venir à une réunion d’information collective pour en savoir un peu plus sur ce qu’est une coopérative d’entrepreneurs. »

« Ce qui m’a plu, c’est cette vision de travailler ensemble à créer notre environnement de travail, travailler avec d’autres entrepreneurs qui font des choses totalement différentes de ce que je fais. Cette coloration également très territoire ardéchois que j’avais envie de trouver quand on est venu s’installer ici.

Au sein d’une coopérative si on s’y met tous un petit peu, on a un poids plus important. Je suis entouré de personnes qui ont des valeurs proches des miennes. J’ai finalement lâché mon auto-entreprise pour devenir entrepreneur chez Pollen. »

Julie est passée par les différentes étapes du parcours d’intégration : la découverte puis le test de son activité avec le contrat CAPE (Contrat d'Appui au Projet d'Entreprise) puis récemment Julie vient de signer son CESA, Contrat d’Entrepreneur Salarié Associé. Cette étape valide de nombreux éléments en tant qu’entrepreneur car la signature de ce contrat signifie que la coopérative estime que le projet est viable. Cela concrétise également le rôle que peut jouer Julie dans la coopérative.

« C’est-à-dire que quand on a un CAPE, on peut participer mais on ne peut pas être actif (on ne peut pas voter les décisions par exemple). Avec le CESA, on a un statut de salarié qui vient me donner une sécurité qui peut parfois manquer quand on est entrepreneur. Nous avons différents types de temps collectifs : les AG (2/an), les réunions du conseil d’administration (1/mois), des cercles pour réfléchir à des problématiques spécifiques et puis des temps plus conviviaux (la journée des Polleniens). »

Quelles sont vos difficultés ?

« Je suis très satisfaite d’avoir intégrée une coopérative car ils s’occupent de plein de démarches que je ne me sens pas capable de faire. Concernant la partie commerciale, c’est un grand challenge de savoir se vendre et de se faire connaitre, d’autant plus que nous sommes récents sur le territoire. Je vais participer prochainement à plusieurs formations pour développer mes compétences en entrepreneuriat. »

Comment se porte votre activité ?

Pour le moment, deux formations sont déjà créées et une 3ème est en cours de création

« Sauveteur, secouriste du travail : c’est une formation importante pour moi car j’estime qu’une modalité forte de dialogue dans l’entreprise commence par l’évocation de la prévention. Pour moi l’engagement d’un salarié dans son entreprise et dans le changement de la qualité de vie au travail commence là. Je propose cette formation en intra pour l’instant, j’ai beaucoup travaillé avec IVECO notamment dans le contexte des recrutements massifs actuels. J’ai formé chez eux plus d’une centaine de salariés. J’ai aussi ouvert la possibilité de le faire en interentreprises. C’est une obligation légale d’avoir des secouristes dans l’entreprise mais il faut avoir au minimum 4 stagiaires par session de formation et maximum 10. Une petite entreprise ne peut pas toujours envoyer 4 personnes. Je travaille beaucoup avec la personnalisation des cas concrets. Il y a toujours au préalable un cadrage de leurs besoins, sur leur manière de fonctionner pour que je puisse également le transmettre aux salariés car parfois même l’existant est méconnu. »

La deuxième formation est finalisée mais pas encore commercialisée. Elle a été conçue en partenariat avec une collègue de POLLEN.

« Premier secours en santé émotionnelle et relationnelle est une formation pour traiter les compétences psycho-sociales. On observe dans les entreprises que la gestion et prévention de la santé physique est complexe mais l’interpersonnel l’est d’autant plus. L’objectif est de travailler sur la communication, la posture relationnelle, la gestion de ses émotions intérieures et des conflits également. C’est une formation sur 2 jours, qui permet d’outiller pour essayer d’apaiser les relations intérieures et avec les collègues.

La 3ème formation est un projet sur lequel je travaille et où je vise particulièrement les professionnels de la santé. Mon compagnon est médecin. En côtoyant ces professionnels, ce qui m’a frappée ce sont les risques de burn-out dus à la gestion des émotions. C’est un monde tellement difficile à vivre qu’à un moment ils ne trouvent plus de solutions. On leur dit que cela va être difficile et qu’il va falloir faire avec, ce n’est pas une réponse suffisante ! Donc je suis en projet avec l’hôpital. Nous n’avons pas la main sur les moyens de travail mais on peut les aider à mieux gérer l’intensité émotionnelle liée à leur travail quotidien. »

« Dans l’année j’ai prévu également de développer deux autres projets : une formation de premiers secours en santé mentale et développer l’accompagnement des CSE sur le sujet du dialogue social. »

Quelle est la source de votre motivation ?

« C’est d’être responsable de mes propres erreurs. Être obligée de travailler d’une manière qui ne me convient pas car c’est quelqu’un d’autre qui en a décidé, cela commençait à devenir dur. J’avais ce besoin de liberté et puis parce que j’ai des projets qui sont assez particuliers. Le fait aussi d’être en coopérative m’aide à aller de l’avant. C’est là où Pollen a véritablement pris sens dans mon projet professionnel, c’est l’attachement au territoire. Je ne pensais pas adopter un territoire aussi facilement et vouloir m’y inscrire de manière aussi forte. »

Quel est votre plus beau projet réalisé selon vous ?

« Celui à venir avec l’hôpital. C’est celui qui m’a fait me rapprocher de Pollen, c’est celui qui me tient particulièrement à cœur en contribuant à ma petite échelle à quelque chose qui leur permette de mieux vivre leur quotidien. »

Une phrase qui vous décrit ?

« La vie est un voyage et pas une destination. »

 

Site web : Baijot Julie Formation

julie.baijot.formation@gmail.com

07 56 96 46 30

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